On s'est rendu chez Pierre, gĂ©rant de la boutique Uptown, situĂ©e Ă Metz, oĂč il fait une super Ă©quipe avec Flođ
Boutique emblématique de la rue Taison, on leur a demandé leur avis sur le commerce aujourd'hui, sur leur vision concernant le digital, et les conseils qu'ils pourraient donner pour mieux consommer !
Bonne lecture đ€
â
Pierre : Jâai fait des Ă©tudes en alternance, une alternance, dans un magasin aux galeries Lafayette oĂč jâai appris Ă faire les choses de maniĂšre carrĂ©. Mais lâunivers ne me plaisait pas. Donc jâai travaillĂ© pendant 4 ans chez Carhartt. Le domaine me plaisait, lâambiance de travail, tutoyer les clients. Et surtout jâaimais les produits !
Les boutiques ayant fermĂ©es, je me suis retrouvĂ© au chĂŽmage, et pendant ce temps oĂč je ne travaillais pas, je me suis rendu compte que la marque Carhartt nâĂ©tait pas vraiment prĂ©sente sur Metz, et câest ce qui a motivĂ© lâouverture de cette boutique.
Pierre : Flo et moi on se connaissait pas du tout, je cherchais quelquâun pour la boutique, Flo a postulĂ© en alternance, et lĂ il a signĂ© son CDI. Je ne suis pas regardant au CV, il a Ă©tĂ© pris en alternance, donc pour apprendre. Jâai fait au feeling, avec Flo ça sâest bien passĂ©, là ça fait 2 ans que ça se passe bien. On a des projets en commun pour la suite, pour la boutique et autres. Depuis que Flo est lĂ , le magasin Ă©volue bien, la continuitĂ© se poursuit . On est un vrai binĂŽme.
Flo : je suis trĂšs reconnaissant dâavoir un patron comme ça. TrĂšs trĂšs belle rencontre je le rĂ©pĂ©terais toujours, pour moi aujourdâhui câest pas mon patron, câest un trĂšs trĂšs bon ami, jâai Ă©normĂ©ment de chance, il mâa fait progresser il mâa tout appris (đ). On est vraiment complĂ©mentaires : on arrive Ă imaginer une belle progression de la boutique et dâautres projets pour le futur, futur proche, en fonction de la situation.
Pierre : Ăa va faire trĂšs vantard mais le gros plus de la boutique câest Moi et Flo ! đ€Ł Câest un gros plus parce que dans la rĂ©alitĂ©, on peut prĂ©senter les mĂȘmes articles, mais avec un sale accueil, une sale ambiance. Mais pour moi on vend quand mĂȘme des produits qui sont chers, et de plus en plus on le ressent, les gens aiment dĂ©penser leur argent dans les boutiques quâils apprĂ©cient. Donc je pense que la sĂ©lection de nos marques + lâĂ©quipe de vente, câest ce qui fait la force du magasin !
Flo : Et on a des marques en exclusivité !
Pierre : Oui câest vrai que sur le centre ville on se partage les marques avec quelques magasins, mais trĂšs peu. Et ce qui va faire la diffĂ©rence câest lâaccueil, le service aprĂšs vente, le relationnel⊠đ€
â
Le produit phare ?
Pierre : Les basics Carhartt sont des indĂ©modables. Il y a plusieurs tendances selon les saisons. Le top 5 des ventes sur lâannĂ©e en gĂ©nĂ©ral câest le bonnet Carhartt, le t-shirt basic Carhartt, un sac Ă dos, un sweat .. Ce qui plaĂźt ici câest le cĂŽtĂ© belle piĂšce et indĂ©modable ! AprĂšs on a des produits coup de cĆur avec Jacker par exemple, qui vont proposer des imprimĂ©s plutĂŽt sympasâŠ
Mais le basic de bonne qualitĂ©, ça plaĂźt beaucoup chez nous ! đ
â
â
â
Pierre : De plus en plus, on est sur des marques qui travaillent avec du coton organique, sur tous les Tee Shirt Carhartt par exemple. Sur la marque Wrung, les produits sont fabriqués dans une usine Vegan, validée par les associations écoresponsables.
Les marques avec lesquelles on travaille sont sensibles. Nous on fait plus attention à la bonne qualité, et on fait confiance à nos marques pour nous proposer des produits écoresponsables en réalité. Et on le voit surtout en salon.
Mais on essaye de mettre un peu plus en avant ce point quand on prĂ©sente les marques, mĂȘme si on a une clientĂšle assez jeune et que ce sont plus les parents qui y font attention. Yâa beaucoup de gens qui se mobilisent face Ă tous les scandales concernant lâindustrie textile en ce moment, mais pour autant les jeunes qui ont aux alentours de 15 ans vont continuer de consommer sans vraiment ĂȘtre regardant, si le modĂšle lui plait il le prend. Mais les parents sont plus sensibles, les jeunes Ă partir de 25/26 ans aussi. On a des Ă©tiquettes qui mettent en avant la composition, le cĂŽtĂ© Ă©co-responsable, et on a toujours des retours excellents des parents par rapport à ça, « ça bouge pas, ça tient au lavage ». Et câest ça aussi qui fait que les clients reviennent. Nous on refuse de vendre des produits de mauvaise qualitĂ©.
Mais pour le cĂŽtĂ© planĂšte, les marques avec lesquelles on travaille, de leur notoriĂ©tĂ©, câest surtout elles qui font le travail de faire savoir quâelles sont Ă©co responsables.
Heureusement, on est sur une pente ascendante concernant la prise de conscience, et de plus en plus ça bouge avec le temps, ça va vers le mieux !
Pierre : On fait confiance aux marques avec lesquelles on travaille. Carhartt par exemple respecte bien les cahiers des charges concernant le cĂŽtĂ© Ă©co responsable. Jacker câest produit au Portugal. Wrung câest vegan. On ne propose jamais de bas de gamme. Tout ce qui est produit en Europe ne suit pas le mĂȘme cahier des charges quâen Asie par exemple â Donc on favorise lâUE, qui va respecter ça.
â
â
Pierre : Ce qui est bien rue Taison, et câest aussi notre philosophie, on vient au travail avec plaisir. On sait quâon a des journĂ©es qui sont longues, des journĂ©es oĂč on aura moins Ă faire, mais la tenue du magasin câest une prioritĂ©.
Une journĂ©e type câest un bon samedi, quand câest ensoleillĂ©, quâil nây a pas de manif, câest super agrĂ©able de bosser avec une bonne ambiance de travail, faire un bon chiffre, du trafic dans la boutique, dans la rue, des animations⊠ Et quâon ait du monde du matin au soir ! đïž
Mais ici le shopping câest aussi un moment dĂ©tente, on a une tĂ©lĂ© et une console, ça ne nous gĂȘne pas que les clients sâinstallent âŠ
â
â
Pierre : Ăa reprĂ©sente plein de choses ! Bon le cĂŽtĂ© nĂ©gatif, câest quâon est un peu connu dans Metz, on peut pas se permettre de se retrouver dans nâimporte quel Ă©tat dans la ville⊠đ Sans rire, câest super plaisant, les clients qui ont un bon style bon on va dire que câest grĂące Ă nous mais âŠ
Puis on a une super relation avec nos clients, des fois on a des clients qui viennent pour voir Flo, pour me voir, on commence Ă connaĂźtre les parents etc. On a une belle clientĂšle, fidĂšle, on lâa ressenti en dĂ©cembre, les clients nous disaient « on nâa pas achetĂ© sur internet, câest chez vous quâon voulait venir ». Yâen a qui font de la route pour venir. On est contents et dâautant plus de bosser rue Taison, parce que câest plein de petits commerçants, on est les petits indĂ©pendants, on essaye de dynamiser lâassociation des commerçants, de dynamiser la rue pour donner envie aux gens de venir.
Donc conclusion, on est content dâĂȘtre commerçant, puis on aime la ville de Metz ! đ§Ą
Flo : le relationnel pour moi est important, nos clients on les voit ici, on les croise dans la rue, on se dit souvent salut, jâai dĂ©jĂ Ă©tĂ© boire un verre au bar avec des clients. Jâadore, je trouve ça super important, mĂȘme de garder contact en dehors du magasin. On est commerçant mais en dehors on est humains. Quand ils nous reconnaissent, quâils nous saluent, ça veut dire que câest positif, et quâils se souviennent de nous. đ
â
Pierre : Yâa eu des pics de consommation avant confinement. Puis on a senti le plaisir de consommation aprĂšs confinement. On a senti que les gens nâĂ©taient pas partis en vacances et que du coup ils se faisaient plus plaisir sur leurs achats. Puis ça sâest stabilisĂ© Je trouve que les clients se sont montrĂ©s malgrĂ© tout encore plus fidĂšles.
Flo : ils se sont dĂ©placĂ©s, ils ont pris des nouvelles, savoir si tout sâĂ©tait bien passĂ© pour nous etc, donc on voit quâils ont envie de revenir en boutique !
Pierre : Si quelquâun vient chez moi et quâil cherche une marque quâon ne fait pas, on a aucun soucis Ă le renvoyer vers un commerçant qui le fait. Parce que je pars du principe que je prĂ©fĂšre bien conseiller le client, quitte Ă lâenvoyer chez la concurrence. Si un client cherche du Nike, on aura rien Ă lui proposer, alors je prĂ©fĂšre lâenvoyer aux bonnes adresses : il aura bien Ă©tĂ© conseillĂ© et il reviendra. Donc aucun souci Ă envoyer Ă la concurrence ! đ
On ne peut pas avoir toutes les marques. Mais on part du principe quâon doit conseiller les clients comme on aimerait ĂȘtre conseillĂ©. On ne va pas leur mentir, leur dire « ça tu ne le trouveras pas sur Metz », et encore moins lui dire quâil trouvera sur Internet⊠Autant consommer en local !
Pierre : Câest bien structurĂ©e, ça bouge, les cellules sont pleines, tout le monde participe, on a fait des vidĂ©os pendant le confinement, on a repeint les pavĂ©s de toutes les couleurs, on a fait un belle rue en Ă©tĂ© dernier, les plantes dans la rue câest notre initiative, lâassociation lâa financé⊠Ăa fait de la pub, les gens ont envie de venir, de venir voir !
Pierre : RĂ©alitĂ© Ă 100% ! Un client qui avant trouvait tout au centre-ville, venait en centre ville. Aujourdâhui, quand on voit le monde qui est au Muse (centre commercial), mĂȘme le dimanche ⊠Il y a des clients, mais câest dĂ©localisĂ©. Quand la situation est meilleure, que les bars et restaurants sont ouverts, quâil fait beau, les gens sont au RDV.  Sâil pleut, il nây a personne en ville. đ§ïž
Orelsan disait « tous les centres villes câest les mĂȘmes, CĂ©lio Zara et H&M ». Ben pas Ă Metz ! MĂȘmes ces grosses enseignes lĂ elles ferment et quittent le centre-ville pour aller sâenfermer dans un centre commercialâŠ
Pierre : Si dans le digital il y a Instagram, Facebook, Twitter : AMI ! Le commerce des annĂ©es 90, câest un commerce que je nâai pas connu, mais que jâaurais adorĂ© connaĂźtre, parce que les commerçants nous le disent, ils arrivaient, ils prĂ©venaient leur client 1 semaine Ă lâavance, ils dĂ©ballaient des cartons, des quantitĂ©s Ă©normes.. Une semaine aprĂšs il nây avait plus rien ! Le magasin faisait la mode.
Mais donc le digital, les rĂ©seaux sociaux, 100% pour. Parce que câest une vitrine gratuite. On est en relation directe, les clients savent ce quâon rentre, sont prĂ©venus, etc. On essaye vraiment de mettre la boutique en avant sur les rĂ©seaux, de poster de façon rĂ©guliĂšre, de rĂ©pondre Ă tous les messages. đ
On a prĂ©vu de le dĂ©velopper encore plus. DâĂȘtre encore plus rĂ©actif et instagrammable. MĂȘme si ça ne fait pas tout : il faut allier les 2, câest bien dâĂȘtre Instagrammable, mais il faut une bonne communication, un bon relationnel : un TOUT ! Heureusement, on le retrouve quand mĂȘme pas mal sur les avis Google : souvent mĂȘme, les clients parlent plus de nous que des vĂȘtements, et ça câest quâon a fait notre taff !
Pierre : Je nâachĂšte rien sur Internet, Ă part ce que je sais que je ne trouverais pas dans les commerces, par exemple les croquettes pour mon chat, qui sont bien prĂ©cises, est que je trouve nul part ^^. Le reste, mes vĂȘtements, les achats de NoĂ«l, je les fais toujours en boutique et sur Metz autant que possible ! đŻ
Je ne suis pas contre Internet, il faut faire avec, mais avec modĂ©ration. Nous on nâa plus de site internet, on en avait fait un pendant le confinement de novembre, mais on prĂ©fĂšre ĂȘtre en boutique. Je ne me vois pas refuser une vente Ă un client, si je sais que lâarticle est derriĂšre, mais dans un carton⊠Donc volontairement pas de site internet. Je prĂ©fĂšre la vente en boutique, sur cintre, le client va essayer, il passe en caisse, pas de soucis ! Je prĂ©fĂšre fonctionner avec cet Ă©change avec le client.
Flo : mĂȘme en tant que client, je prĂ©fĂšre aller en boutique, pour le relationnel, discuter avec les dirigeants, un lien se crĂ©e, câest ça que jâaime ! Alors que sur internet, tu ne vois personne..
Pierre : Câest bien ! Nous on sait quâon arrive jamais toucher le maximum de client, et on sait pourtant quâavec lâoffre quâon propose, on peut toucher plein de monde, mais on ne peut pas forcĂ©ment parce quâon nâa soit pas la visibilitĂ©, soit peut-ĂȘtre pas lâimage (le pĂšre de famille de 40 ans qui passe devant notre vitrine, il voit des bobs et des casquettes, il ne se dit pas forcĂ©ment quâon va pouvoir lui proposer quelque chose). Si, grĂące Ă Yabe on arrive Ă faire dĂ©couvrir notre boutique et quâon emmĂšne du monde en magasin, des nouveaux clients, câest gĂ©nial !
â
Pierre : La boutique câest une ancienne boucherie et de par la devanture, ça arrive quâon nous demande Ă quelle heure faut passer pour acheter la viande
Flo : On avait un client qui est devenu stagiaire pendant 1 mois, il a fini ses Ă©tudes, et au final il venait tous les jours nous voir, et il restait limite toute la journĂ©e avec nous. Parce quâil nous aime bien, on lâapprĂ©cie, il aime bien voir la nouveautĂ© etc. đ
On a tissĂ© des liens dâamitiĂ© avec pas mal de clients, qui reviennent souvent nous voir. Encore vendredi soir, je suis allĂ©e boire un verre avec quelquâun qui Ă©tait un client et qui est devenu un trĂšs bon ami Ă moi.
Quand les bars Ă©taient fermĂ©s, nous on a toujours eu des bancs, des chaises, et limite câĂ©tait le point de rencontre. Il y avait des fois 15/20 personnes qui passaient l'aprĂšs-midi lĂ , câĂ©tait le point de rassemblement et on avait un petit frigo avec des canettes. Et câĂ©tait super cool, la petite ambiance devant la boutique. Chaque personne avant de se poser venait nous saluer. â Aujourdâhui ça continueâŠ
Pierre : Acheter un produit de qualitĂ© que vous allez garder plusieurs annĂ©es, et peut-ĂȘtre mĂȘme le donner Ă votre petit frĂšre. PlutĂŽt quâacheter un article que tu vas mettre Ă la poubelle en 2 semaines pour en racheter un autre. đ„
Chez nous, le bon exemple câest le sweat qui se dĂ©mode pas, qui peut faire 200 lavages, qui quand il ne va plus, va aller au petit frĂšre. Câest 89 euros le sweat, mais 4 ans aprĂšs, le client il lâa toujours.
Notre petit conseil du coup câest que, forcĂ©ment acheter câest un investissement, mais quand en 2/3 ans le produit est toujours dans lâarmoire, que câest toujours possible de le mettre, que ça nâest pas dĂ©modĂ©, câest quand mĂȘme super bien !`
Donc : la qualitĂ© plutĂŽt que la quantitĂ© ! âš
Pierre : Je suis vieux donc ça va ĂȘtre une rĂ©ponse de vieux, mais personnellement jâaime bien rue Ste Marie, pour boire des verres, parce quâil y a une bonne ambiance. Jâai mes habitudes, donc je sais oĂč aller pour ĂȘtre bien reçu etc. Je suis un client fidĂšle, donc tous les jours je vais aux mĂȘmes endroits. Jâaime bien !
En lieu sympa oĂč se poser yâa le temple protestant, on peut sâinstaller, aller dans quelques bars et prendre le soleil, tu as lâeau, le temple, câest un bel endroit ! AprĂšs Ă lâesplanade, yâa Mamie BranchĂ©e !
Mais le vrai lieu incontournable Ă Metz : ça reste ici ! â